Page:Loti - Les Derniers Jours de Pékin, 1901.djvu/458

Cette page a été validée par deux contributeurs.
443
LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

fuyant le soleil qui sera bientôt torride ; mais ils sont remplacés, — sur le milieu bossu de la chaussée réservé aux bêtes et aux attelages, — par des files de petits chevaux, des files de petites voitures, et on entend partout claquer les fouets.

Et au pied des maisons, durant des kilomètres, par terre, sur les immondices ou sur la boue, l’extravagante foire à la guenille commencée l’automne dernier s’étale encore, piétinée par les passants : débris de tant d’incendies et de pillages, que l’on ne finira jamais de vendre, défroques magnifiquement brodées mais qui ont été un peu sanglantes, bouddhas, magots, bijoux, perruques de morts, vases ébréchés ou précieux cassons de jade.

Au-dessus de tant de choses saugrenues, au-dessus de tant de tapage et de tant de poussière, la plupart de ces maisons, en contraste avec la pouillerie des foules, sont étourdissantes de sculptures et d’éclat ; finement fouillées en plein bois et finement dorées depuis la base jusqu’en haut. Dans le cèdre épais des façades, d’infatigables artistes ont taillé, avec ces pa-