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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

nent les mêmes vieux temples, les mêmes idoles et les mêmes corbeaux.

Ces plaines du Petchili sont une immense nécropole, où chaque vivant tremble d’offenser quelqu’un des innombrables morts.

Pékin naturellement se rebâtit en même temps qu’il se repeuple ; mais, à la hâte, avec les petites briques noirâtres des décombres, et les rues nouvelles ne retrouveront sans doute jamais le luxe des façades d’autrefois, en dentelle de bois doré.

La grande artère de l’Est, à travers la « Ville tartare », est ce qui demeure le plus intact de l’ancien Pékin, et la vie y redevient intense, fourmillante, presque terrible. Sur une longueur d’une lieue, l’avenue de cinquante mètres de large, magnifique de proportions, mais défoncée, ravinée, coupée de trous sournois et de cloaques, est envahie par des milliers de tréteaux, de cabanes, de tentes dressées, ou de