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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

d’hier, recommence d’être brûlant et dangereux. Au centre, il y a son mausolée de marbre, pyramide de petits personnages, amas de fines sculptures blanches qui vont s’effilant en fuseau vers le ciel et se terminent par une pointe d’or ; çà et là, sous les cèdres, des vieux temples croulants, voués jadis à la mémoire de ce saint homme, enferment dans leur obscurité des peuplades d’idoles dorées qui s’en vont en poussière. Dehors, le sol de cendre, où l’on ne marche jamais, est jonché des pommes résineuses tombées des arbres et des plumes noires des corbeaux qui vivent par centaines dans ce lieu de silence ; l’avril cependant y a fait fleurir quelques tristes giroflées violettes, comme dans le bois impérial, et quantité de tout petits iris de même couleur. À l’horizon, au bout de la plaine grise, la muraille de Pékin, la muraille crénelée qui semble enfermer une ville morte, s’en va si loin qu’on ne la voit pas finir.

Et tous les bois funéraires, dont la campagne est encombrée, ressemblent à celui-là, contien-