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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

loin par leur musique militaire. Le maréchal aux cheveux blancs a bien voulu me placer près de lui, et, comme tous ceux des nôtres qui ont eu l’honneur de l’approcher, je subis le charme de son exquise distinction, de sa bienveillance et de sa bonté.

Vendredi 3 mai.

Autour de nous, l’immense Pékin, qui achève de se repeupler comme aux anciens jours, est très occupé de funérailles. Les Chinois, l’été dernier, s’entretuaient dans leur ville ; aujourd’hui ils s’enterrent. Chaque famille a gardé ses cadavres à la maison durant des mois comme c’est l’usage, dans d’épais cercueils de cèdre qui atténuaient un peu l’odeur des pourritures ; on apportait tous les jours aux morts des repas et des cadeaux, on leur brûlait des cires rouges, on leur faisait des musiques, on leur jouait du gong et de la flûte, dans la continuelle crainte de ne pas leur rendre assez d’honneur, d’encourir leurs vengeances et leurs maléfices. C’est l’époque maintenant de les conduire