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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

Palais d’Été, les proches montagnes sont toutes marbrées de neige. — Il se trouve cependant des personnes en France pour se plaindre de la fragilité de nos printemps !

Mon expédition terminée, je devais reprendre aussitôt la route de Takou et de l’escadre ; mais le général, qui donne demain une grande fête aux états-majors des armées alliées, a bien voulu m’y inviter et me retenir, et il a fallu de nouveau télégraphier à l’amiral, lui demander au moins trois jours de plus.

Le soir, sur l’esplanade du Palais de la Rotonde, je me promène en compagnie du colonel Marchand, par un crépuscule de mauvais temps, tourmenté, froid, assombri avant l’heure sous des nuages rapides que le vent déchire, et, dans les éclaircies, on aperçoit, là-bas sur les montagnes du Palais d’Été, toujours cette neige tristement blanche, en avant des fonds obscurs…

Autour de nous, il y a un grand désarroi de fête, qui contraste avec le désarroi de bataille et de mort que j’avais connu ici même, l’au-