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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

marcher nos chevaux sur le feutrage épais des herbes et des mousses.

On voit maintenant les grandes portes triples du sanctuaire, qui sont d’un rouge de sang avec des ferrures d’or.

Encore la blancheur d’un triple pont de marbre, aux dalles glissantes, sur lesquelles ma petite armée recommence de faire en passant un bruit exagéré, comme si ces rangées de cèdres en muraille autour de nous avaient les sonorités d’une basilique. Et à partir d’ici, pour garder ces abords de plus en plus sacrés, de hautes statues de marbre s’alignent des deux côtés de l’avenue ; nous cheminons entre d’immobiles éléphants, des chevaux, des lions, des guerriers muets et blancs qui ont trois fois la taille humaine.

Dès qu’on aborde les terrasses blanches du temple, on commence d’apercevoir les dégâts de la guerre. Les soldats allemands, venus ici avant les nôtres, ont arraché par places, avec la pointe de leurs sabres, les belles garnitures en bronze doré des portes rouges, les prenant pour de l’or.