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VERS LES TOMBEAUX DES EMPEREURS.

troubler d’une façon inconvenante le recueillement d’une nécropole. À part nous et quelques corbeaux sur les arbres, rien ne bouge et rien ne vit, dans l’immensité du parc funéraire.

Après le pont aux triples arches, l’avenue conduit vers un premier temple à toit d’émail jaune, qui semble la barrer en son milieu. Aux quatre angles de la clairière où il est bâti, s’élèvent des colonnes rostrales en marbre d’un blanc d’ivoire ; monolithes admirables, au sommet de chacun desquels s’assied une bête pareille à celles qui trônent sur les obélisques devant le palais de Pékin, — une espèce de maigre chacal, aux longues oreilles droites, les yeux levés et la gueule ouverte comme pour hurler vers le ciel. Ce premier temple ne contient que trois stèles géantes, qui posent sur des tortues de marbre grosses comme des léviathans, et qui racontent la gloire de l’empereur défunt, la première en langue tartare, la seconde en chinois, la troisième en mandchou.

L’avenue, au delà de ce temple des stèles, se prolonge dans son même axe, indéfiniment