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VERS LES TOMBEAUX DES EMPEREURS.

Mings, antérieurs de plusieurs siècles, et dont les ruines délaissées ont été depuis longtemps un but d’excursion permis aux Européens.

On y arrive invariablement par une coupée d’une demi-lieue de long dans la sombre futaie, coupée que les artistes d’autrefois ont eu soin d’orienter de manière qu’elle s’ouvre, comme les portants d’un magnifique décor au théâtre, sur quelque fond incomparable : par exemple une montagne particulièrement haute, abrupte et audacieuse ; un amas rocheux présentant une de ces anomalies de forme ou de couleur que les Chinois recherchent en toute chose.

Invariablement aussi l’avenue commence par de grands arcs de triomphe en marbre blanc, qui sont, il va sans dire, surchargés de monstres, hérissés de cornes et de griffes.

Chez l’aïeul de l’Empereur actuel, qui reçoit aujourd’hui notre première visite, ces arcs de l’entrée, imprévus au milieu de la forêt, ont la base enlacée par les liserons sauvages ; ils semblent, au coup de baguette d’un enchanteur, avoir jailli sans travail, d’un sol qui a l’air