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VERS LES TOMBEAUX DES EMPEREURS.

plus de vingt lieues de tour, où dorment quatre empereurs tartares.

Nous entrons dans ce lieu de silence et d’ombre, étonnés qu’il ne soit enclos d’aucune muraille, contrairement aux farouches usages de la Chine. Sans doute, en cette région très isolée, on l’a jugé suffisamment défendu par la terreur qu’inspirent les Mânes des Souverains, — et aussi par un édit général de mort, rendu d’avance contre quiconque oserait ici labourer un coin de terre ou seulement l’ensemencer.

C’est le bois sacré par excellence, avec tout son recueillement et son mystère… Quels merveilleux poètes de la Mort sont ces Chinois, qui lui préparent de telles demeures !… On serait tenté dans cette ombre de parler bas comme sous une voûte de temple ; on se sent profanateur en foulant à cheval ce sol, vénéré depuis des âges, dont le tapis d’herbes fines et de fleurettes de printemps semble n’avoir été violé jamais. Les grands cèdres, les grands thuyas centenaires, parfois un peu clairsemés