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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

les plaines en contre-bas, nous l’apercevons, comme un brouillard dont nous serions enfin délivrés.

Nous nous élevons toujours, arrivant aux premiers contreforts de la chaîne mongole. Voici, derrière une muraille de terre, un immense camp de Tartares ; au moins deux mille hommes, armés de lances, d’arcs et de flèches : les gardiens d’honneur des souverains défunts.

La pureté des horizons, dont nous avions presque perdu le souvenir, est ici retrouvée. Ces montagnes de Mongolie, semble-t-il, viennent soudainement de se rapprocher, comme si d’elles-mêmes elles s’étaient avancées ; très rocheuses, avec des escarpements étranges, des pointes comme des donjons ou des tours de pagode, elles sont d’un beau violet d’iris au-dessus de nos têtes. Et, en avant de nous, de tous côtés, commencent de paraître des vallonnements boisés, des forêts de cèdres.

Il est vrai, ce sont des forêts factices, — mais déjà si vieilles, — plantées il y a des siècles, pour composer le parc funéraire, de