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VERS LES TOMBEAUX DES EMPEREURS.

les plates figures sauvages des paysans d’alentour nous regardent par les trous de nos carreaux en papier de riz, crevés de toutes parts.

Aussitôt après la dernière tasse de thé, nous remontons à cheval, pour voir enfin ces tombeaux qui sont à présent là tout près, et vers lesquels nous cheminons depuis déjà plus de trois jours. Mon « confrère » de l’Académie de Pékin, qui nous a rejoints, toujours avec ses grosses lunettes rondes, son petit corps d’oiseau sec perdu dans ses belles robes de soie, nous accompagne aussi cahin-caha sur une mule.

Pays de plus en plus solitaire. Fini, les champs ; fini, les villages. Le chemin pénètre au milieu de collines — qui sont revêtues d’herbe et de fleurs ! — et c’est une surprise, un enchantement pour nos yeux déshabitués, cela semble un peu édénique, après toute cette Chine poudreuse et grise où nous venons de vivre, et où ne verdissait que le blé des sillons. La perpétuelle poussière du Petchili, nous l’avons décidément laissée derrière nous ; sur