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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

décor chinois, avec la superposition de leurs toits courbes aux angles retroussés en manière de corne, une cloche éolienne à chaque bout.

Et l’air de plus en plus se purifie de son nuage de poussière, — à mesure que l’on s’approche de la région, sans doute privilégiée, qui a été choisie pour le repos des empereurs et des impératrices Célestes.

Après le douzième kilomètre environ, halte dans un village, pour déjeuner chez un grand prince, d’un rang beaucoup plus élevé que celui qui chevauche avec nous : oncle direct de l’Empereur, celui-là, en disgrâce auprès de la Régente dont il fut le favori, et préposé aujourd’hui à la haute surveillance des sépultures. Étant en deuil austère, il s’habille de coton comme un pauvre, et cependant ne ressemble pas à tout le monde. Il s’excuse de nous recevoir dans le délabrement d’une vieille maison quelconque, les Allemands ayant mis le feu à son yamen, et il nous offre un déjeuner très chinois, où reparaissent des ailerons de requin et des nerfs de biche, — tandis que