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VERS LES TOMBEAUX DES EMPEREURS.

fauteuils en forme de trône, demeurent impassibles comme des bouddhas de pagode ; cette gaieté si française, quels aspects peut-elle bien prendre pour leurs cervelles d’Extrême Asie ?…

Avant que soient épuisés les derniers numéros du programme, on entend au dehors le tonnerre soudain des gongs, le cliquetis des sistres et des cymbales, toutes les ferrailles de la Chine. Et c’est le prélude de la fête que le mandarin a voulu m’offrir, fête qui aura lieu dans la cour même du quartier, et à laquelle assisteront naturellement tous nos soldats.

Les lanternes à profusion illuminent cette cour, avec les torches fumantes d’une centaine de Boxers.

Il y a d’abord, menées par les flûtes graves, une danse d’échassiers, au dandinement d’ours. Ensuite donnent à tour de rôle toutes les sociétés de gymnastique de la région voisine. De petits paysans d’une dizaine d’années, costumés en seigneurs des anciennes dynasties, font un simulacre de bataille, sautent comme de jeunes chats ; prodigieux tous de légèreté et de vitesse,