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VERS LES TOMBEAUX DES EMPEREURS.

et je serre de bon cœur les braves mains qui n’osaient pas se tendre vers la mienne.

Afin que je garde un souvenir de leur hospitalité d’un soir à Y-Tchéou, ils se sont cotisés pour me faire un cadeau très local, un de ces parasols de soie rouge à long baldaquin retombant qu’il est d’usage en Chine de promener en avant des bonshommes de marque. Et, si encombrante que soit la chose, même repliée, il va sans dire que je l’emporterai précieusement en France.

Ensuite ils me remettent un programme illustré, sur lequel le nom de chaque acteur figure suivi d’un titre pompeux : M. le soldat un tel, de la Comédie-Française, ou bien : M. le caporal un tel, du théâtre Sarah-Bernhardt. Et nous prenons place. — C’est un vrai théâtre qu’ils ont fabriqué là, avec une scène surélevée, une rampe et un rideau.

Dans des fauteuils chinois qu’ils ont placés au premier rang, leur capitaine s’assied auprès de moi, et puis le mandarin, le prince du sang et deux ou trois notables à longues queues.