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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

voir, et les grimaces de tous les monstres de pierre échelonnés sur la route.

Au fond d’une immense cour, un bâtiment neuf sur la porte duquel se lit, à la lueur des torches, cette inscription stupéfiante : « Parisiana d’Y-Tchéou ! »… Des « Parisiana » dans cette ville ultra-chinoise qui jusqu’à l’automne dernier n’avait jamais vu d’Européens approcher ses murs !… C’est là que nos porteurs s’arrêtent, et c’est le théâtre improvisé cet hiver par nos soixante hommes d’infanterie de marine pour occuper leurs veillées glaciales.

J’ai promis d’assister à une représentation de gala que ces grands enfants donnent pour moi ce soir. — Et, de tant de réceptions charmantes que l’on a bien voulu me faire çà et là par le monde, aucune ne m’a ému plus que celle de ces soldats, exilés en un coin perdu de la Chine. Leurs discrets sourires d’accueil, les quelques mots que l’un d’eux s’est chargé de me dire, de leur part à tous, sont plus touchants que nombre de banquets et de discours,