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VERS LES TOMBEAUX DES EMPEREURS.

sent des canards désossés, et puis des viandes, qui doivent se succéder de plus en plus copieuses, jusqu’à l’heure où les convives déclarent que vraiment cela suffit. Alors, on apporte les pipes d’opium et les cigarettes, — et voici l’instant de monter en palanquin pour aller à la fête nocturne que l’on m’a préparée.

Dehors, dans la longue avenue des portiques et des monstres, où il fait nuit étoilée, tous les serviteurs du yamen nous attendent avec de grandes lanternes en papier, peintes de chauves-souris et de chimères. Et une centaine d’aimables Boxers sont là aussi, tenant des torches pour nous éclairer mieux. Nous montons chacun dans un palanquin, et les porteurs nous enlèvent au trot, tandis que toutes ces torches flambantes courent à nos côtés, et que les gongs, courant de même, commencent, en avant de notre cortège, leur fracas de bataille.

Très vite, pendant cette course, très vite défilent, éclairées par toutes ces lueurs dansantes, les petites échoppes encore ouvertes, les figures chinoises encore attroupées pour nous