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VERS LES TOMBEAUX DES EMPEREURS.

exemple : « mon horripilante » ou « ma nauséabonde ».)


Le dîner commence par des prunelles confites et quantité de sucreries mignardes, que l’on mange avec des petites baguettes. Il s’excuse, le mandarin, de ne pouvoir m’offrir des nids d’hirondelle de mer : Y-Tchéou est un pays si perdu, si loin de la côte, il est si difficile de s’y procurer ce qu’on veut ! En revanche, voici un plat d’ailerons de requin, un autre de vessies de cachalot, un autre encore de nerfs de biche, et puis des ragoûts de racines de nénufar aux œufs de crevette.

Dans la salle blanche au plafond noir — dont les murs sont ornés d’aquarelles, sur longues bandes de papier précieux, représentant des bêtes ou des fleurs monstrueuses — l’inévitable odeur de l’opium et du musc se mêle au fumet des sauces étranges. Autour de nous s’empressent une vingtaine de serviteurs coiffés comme leurs maîtres et vêtus de belles robes de soie avec corselet de velours. À ma