Page:Loti - Les Derniers Jours de Pékin, 1901.djvu/411

Cette page a été validée par deux contributeurs.
396
LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

sommes six ou sept, autour d’une table que garnissent d’étranges et exquises petites porcelaines des vieux temps, petites, petites comme pour une dînette de poupées. Des cires rouges nous éclairent, allumées dans de hauts chandeliers de cuivre.

Depuis ce matin, la province entière a quitté par ordre le bonnet hivernal pour prendre le chapeau d’été, conique en forme d’abat-jour de lampe, sur lequel retombent des touffes de crins rouges ou, suivant la dignité du personnage, des plumes de paon et de corbeau. Or, il est de bon ton de dîner coiffé, — et cela fait tout de suite Chine de paravent, les chapeaux de ce style.

Quant aux dames de la maison, elles demeurent invisibles, hélas ! et il serait de la dernière inconvenance de les demander ou même d’y faire allusion. — (On sait d’ailleurs qu’un Chinois obligé de parler de sa femme ne doit la désigner que d’une manière indirecte, et autant que possible par un qualificatif sévèrement dénué de toute galanterie, comme par