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VERS LES TOMBEAUX DES EMPEREURS.

nière, le terrible mouvement de haine contre les étrangers, c’est dans une bonzerie de la montagne voisine que la guerre d’extermination a été d’abord prêchée, et tous ces gens qui m’accueillent si bien ont été les premiers Boxers ; ardemment ralliés pour l’instant à la cause française, ils décapitent volontiers ceux des leurs qui n’ont pas transigé et mettent les têtes dans ces petites cages dont les portes de leur ville sont garnies ; mais, si le vent tournait demain, je me verrais déchiqueté par eux au son de ferraille de leurs mêmes gongs, et avec le même entrain qu’ils mettent à me recevoir.

Quand j’ai pris possession du logis qui m’est destiné, tout au fond de la résidence mandarine — au bout d’une interminable avenue de vieux portiques et de vieux monstres gardiens qui me montrent leurs crocs dans des sourires de tigre, — une demi-heure de jour me reste encore, et je vais faire visite à un jeune prince de la famille impériale, détaché à Y-Tchéou pour le service des vénérables tombeaux.

D’abord, la mélancolie de son jardin, par