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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

regardant entre les créneaux avec de petits yeux obliques, et jusque dans l’épaisseur des portes, il y a des bonshommes à torse jaune plaqués en double haie contre les parois. Mon interprète cependant me confesse qu’on est généralement déçu : « Si c’est un lettré, demandent les gens, pourquoi s’habille-t-il en colonel ? » (On sait le dédain chinois pour le métier des armes.) Mon cheval seul relève un peu mon prestige ; assez fatigué par la campagne, ce pauvre cheval d’Algérie, mais ayant encore du port de tête et du port de queue lorsqu’il se sent regardé, et surtout lorsque le gong résonne à ses oreilles.

Y-Tchéou, la ville où nous voici enfermés dans des murs de trente pieds de haut, contient encore une quinzaine de mille habitants, malgré ses espaces déserts et ses ruines. Et il y a grande affluence de monde sur notre parcours, dans les petites rues, devant les petites échoppes anciennes où s’exercent des métiers antédiluviens.

C’est d’ici même qu’est parti, l’année der-