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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

compliments ; des poignées de main où l’on se sent comme griffé par des ongles trop longs, emmanchés de vieux doigts maigres.

À deux heures, je remonte à cheval, avec mes hommes et je m’en vais à travers les décombres des rues, précédé du même cortège qu’à l’arrivée, les gongs sonnant en glas et les hérauts poussant leurs cris. Derrière moi, suit le mandarin de céans dans sa chaise à porteurs, suivent les compagnies d’échassiers et les deux dragons monstrueux.

Au sortir de la ville, dans le tunnel profond des portes, où la foule est déjà assemblée pour me voir, tout cela s’engouffre avec nous, les princesses aux enjambées de trois mètres, les dieux qui jouent du sistre ou du tambourin, et la bête rouge, et la bête verte. Sous la voûte demi-obscure, au fracas de tous les sistres et de tous les gongs, dans des envolées de poussière noirâtre qui vous aveugle, c’est une mêlée compacte, où nos chevaux se traversent et bondissent, troublés par le bruit, affolés par les