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À NING-HAÏ.

Il y a surtout des obus roulant partout, dégringolant des caisses éventrées ; des cartouches jonchant le sol, du fulmicoton dangereusement épars, de la poudre répandue en longues traînées couleur de charbon. Mais, à côté de cette débauche de matériel de guerre, des détails drôles viennent attester les côtés de bonhomie de l’existence chinoise : sur toutes les fenêtres, des petits pots de fleurs ; sur tous les murs, des petites images collées par des soldats. Au milieu de nous, se promènent des moineaux familiers, que sans doute les habitants du lieu n’inquiétaient jamais. Et des chats, sur les toits, circonspects mais désireux d’entrer en relation, observent quelle sorte de ménage on pourra bien faire par la suite avec les hôtes imprévus que nous sommes.

Tout près, à cent mètres de notre fort, passe la Grande Muraille de Chine. Elle est surmontée en ce point d’un mirador de veille, où des Japonais s’établissent à cette heure et plantent sur un bambou leur pavillon blanc à soleil rouge.