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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

dans les vieilles pagodes ; ils représentent des princesses aussi, ayant de belles robes de soie brodée, ayant des joues trop blanches et trop roses, et des fleurs artificielles piquées dans le chignon ; des princesses tout en longueur, qui s’éventent d’une façon exagérée, en se dandinant toujours, ainsi que la troupe entière, d’un même mouvement régulier, incessant, obsédant comme celui des balanciers de pendule.

Or ces échassiers, paraît-il, sont tout simplement les jeunes garçons d’un village voisin, de braves petits campagnards, formés en société de gymnastique et qui font cela pour s’amuser. Dans les moindres villages de la Chine intérieure, bien des siècles, des millénaires avant que la coutume en soit venue chez nous, les garçons, de père en fils, ont commencé de s’adonner passionnément aux jeux de force ou d’adresse, de fonder des sociétés rivales, les unes d’acrobates, les autres d’équilibristes ou de jongleurs, et d’organiser des concours. C’est pendant les longs hivers surtout qu’ils s’exercent, quand tout est glacé et que chaque petit