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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

soleil étincelant, c’est l’enfilade des cours, des autres portiques en silhouettes biscornues et des vieux monstres sur leurs socles. La foule chinoise — toujours les hommes seulement, bien entendu — est là assemblée, dans ses éternels haillons de coton bleu. Le « vent jaune », qui s’était apaisé la nuit, suivant son habitude, recommence de souffler et de blanchir le ciel de poussière. Et les acacias, les saules monotones, qui sont à peu près les seuls arbres répandus dans cette Chine du Nord, montrent çà et là de vieilles ramures grêles, aux petites feuilles à peine écloses, d’un vert encore tout pâle.

Voici d’abord le défilé très lent, très lent d’une musique : beaucoup de gongs, de cymbales, de clochettes, sonnant en sourdine ; la mélodie est comme chantée par un mélancolique, et doux, et persistant unisson de flûtes, — de grandes flûtes au timbre grave, dont quelques-unes ont des tuyaux multiples et ressemblent à des gerbes de roseaux. C’est berceur et lointain, exquis à entendre.