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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

lever la séance et de me souhaiter bonne nuit. En se retirant, il m’invite à ne pas m’inquiéter si j’entends beaucoup de va-et-vient dans mon plafond : il est hanté par les rats. Je ne devrai pas m’inquiéter non plus, si j’entends, derrière mes carreaux de papier, des personnes se promener dans le préau en jouant du claquebois : ce seront les veilleurs de nuit, m’informant ainsi qu’ils ne dorment point et font bonne garde.

— Il y a beaucoup de brigands dans le pays, ajouta-t-il ; cependant la cité, si haut murée, ferme ses portes au coucher du soleil ; mais des laboureurs, pour aller aux champs avant le jour, ont pratiqué un trou dans les remparts, et les brigands, qui, hélas ! en ont eu connaissance, ne se font point faute d’entrer par là.

Et quand il est parti, le mandarin aux longues révérences, quand je suis seul dans l’obscurité de ce logis, au cœur de la ville isolée dont les portes sont garnies de têtes humaines dans des cages, je me sens infiniment loin, séparé du monde qui est le mien par des