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VERS LES TOMBEAUX DES EMPEREURS.

logis poussiéreux et vermoulu que le mandarin me destine : un bâtiment séparé, au milieu d’une sorte de préau, parmi de vieux arbres aux troncs difformes. J’ai là, sous des solives enfumées, une grande salle blanchie à la chaux, contenant au milieu, sur une estrade, des sièges comme des trônes ; ailleurs de lourds fauteuils d’ébène, et, pour orner les murs, quelques rouleaux de soie éployés, sur lesquels des poésies sont inscrites en caractères mandchoux. Dans l’aile de gauche, une chambrette pour mes deux serviteurs ; dans l’aile de droite, une pour moi, avec des carreaux en papier de riz, un très dur couchage sur une estrade et sous des couvertures de soie rouge, enfin un brûle-parfum où se consument des baguettes d’encens. Tout cela est campagnard, naïf et suranné aussi, vieillot même en Chine.

Mon hôte timide, en costume de cérémonie, m’attendait devant la porte et me fait prendre place avec lui sur les trônes du milieu, pour m’offrir le thé obligatoire, dans des porcelaines de cent ans. Puis, avec discrétion, il se hâte de