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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

les Chinois, qui avaient accumulé autour de Ning-Haï d’effroyables défenses, mines, torpilles, fougasses et camps retranchés, rien n’était fini, rien n’était à point nulle part ; le mouvement contre l’étranger a commencé six mois trop tôt, avant qu’on ait pu mettre en batterie toutes les pièces vendues à Li-Hung-Chang par l’Europe.

Mille de nos zouaves, qui vont arriver demain, occuperont ce fort pendant l’hiver ; en attendant, nous venons y conduire une vingtaine de matelots pour en prendre possession.

Et c’est curieux de pénétrer dans ces logis abandonnés en hâte et en terreur, au milieu du désarroi des fuites précipitées, parmi les meubles brisés, les vaisselles à terre. Des vêtements, des fusils, des baïonnettes, des livres de balistique, des bottes à semelle de papier, des parapluies et des drogues d’ambulance sont pêle-mêle, en tas devant les portes. Dans les cuisines de la troupe, des plats de riz attendent encore sur les fourneaux, avec des plats de choux et des gâteaux de sauterelles frites.