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PÉKIN AU PRINTEMPS.

pavillon tricolore comme sauvegarde. Beaucoup de gens ont même collé sur leur porte un placard de papier blanc, dû à l’obligeance de quelqu’un de nos troupiers, et sur lequel on lit en grosses lettres d’écriture enfantine : « Nous sommes des Chinois protégés français », ou bien : « Ici, c’est tout Chinois chrétiens. »

Et le moindre bébé en robe, ou tout nu coiffé d’un ruban et d’une queue, a appris à nous faire en souriant le salut militaire quand nous passons.

Au coucher du soleil, les soldats rentrent, les casernes se ferment. Silence et obscurité partout.

Nuit particulièrement noire aujourd’hui. Vers dix heures, je sors du quartier avec un de mes camarades de l’armée de terre. Une lanterne à la main, nous nous en allons dans le dédale sombre, hélés d’abord çà et là par des sentinelles, puis ne rencontrant plus personne que