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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

pendant le siège — son petit parloir badigeonné à la chaux est tout à fait typique et charmant, avec ses six chaises chinoises, sa table chinoise, ses deux aquarelles chinoises de fleurs et de fruits pendues aux murs (toutes choses choisies parmi ce qu’il y avait de plus modeste et de plus discret dans les réserves sardanapalesques de l’Impératrice) ; et la grande Vierge de plâtre qui y trône à la place d’honneur est entre deux potiches remplies de lilas blanc.

Les lilas blancs ! Il y en a de magnifiques touffes fleuries, dans tous les jardins murés de ce palais ; eux seuls indiquent joyeusement ici l’avril, le vrai renouveau sous ce déjà brûlant soleil, — et c’est, comme on pense, une aubaine pour les bonnes Sœurs, qui en font de véritables bosquets à leurs Vierges et à leurs saintes, sur leurs petites chapelles naïves.

Tous ces logis de mandarins ou de jardiniers, qui s’en vont là-bas jusque sous les arbres, je les avais connus en plein désarroi, encombrés de dépouilles étranges, d’immondices inquiétantes, et empestant le cadavre : à présent je