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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

Peintes à la façon des têtes de cire chez les coiffeurs, bien blanches avec un petit rond bien rose au milieu de chaque joue, on sent qu’elles s’arrangent ainsi par étiquette, par convenance, sans viser le moins du monde à l’illusion.

Elles causent, elles rient discrètement ; elles mènent par la main des bébés adorables, qui ont été sages à la messe comme des petits chats en porcelaine, et qu’elles ont coiffés, attifés avec un art tout à fait comique. Beaucoup sont jolies, très jolies même ; presque toutes ont l’air réservé, l’air décent, l’air comme il faut.

Et cette sortie a lieu tranquillement, avec des apparences de paix et de joie, dans la pleine sécurité de ces entours, qui furent, il y a si peu de temps, un lieu de massacre et d’horreur. Les portes des enclos sont grandes ouvertes et une avenue toute neuve, bordée de jeunes arbres, est tracée au travers de ces ruines, qui furent récemment un charnier de cadavres. Quantité de charrettes chinoises, aux belles