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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

des dos par centaines, sur lesquels pendent les longues queues. Du côté des femmes, ce sont des soies vives, une violente bigarrure de couleurs ; des chignons lisses et noirs comme de l’ébène vernie, piqués de fleurs et d’épingles d’or. — Et tout ce monde chante, presque à bouche fermée, comme en rêve. Le recueillement est visible, et il est touchant, malgré l’extrême drôlerie des personnages ; vraiment ces gens-là prient, et semblent le faire avec humilité, avec ferveur.

Maintenant, voici le spectacle pour lequel j’avoue que j’étais venu : la sortie de la messe, — une occasion unique de voir quelques-unes des belles dames de Pékin, car elles ne se montrent point dans les rues, où ne circulent que les femmes de basses classes.

Et elles étaient bien là deux ou trois cents élégantes, qui commencent de sortir l’une après l’autre avec lenteur, sur leurs pieds trop petits et leurs chaussures trop hautes. Oh ! les étranges minois fardés et les étranges atours, émer-