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PÉKIN AU PRINTEMPS.

mandants des postes français échelonnés sur la route, et c’est presque une petite expédition à organiser ; j’ai donc demandé dix jours à l’amiral, qui a bien voulu me les accorder par dépêche, et me voici encore l’hôte de ce palais pour bien plus longtemps que je ne l’aurais cru.

Ce matin dimanche, je vais assister à la grand’messe des Chinois, dans la cathédrale en réparation de monseigneur Favier.

J’entre par le côté gauche de la nef, — qui est le côté des hommes, tandis que toute la partie droite est réservée aux femmes.

L’église, quand j’arrive, est déjà bondée de Chinois et de Chinoises agenouillés, à tout touche, et fredonnant ensemble à mi-voix une sorte de mélopée ininterrompue, comme le bourdonnement d’une ruche immense. On sent fortement le parfum du musc, dont toutes les robes de coton ou de soie sont imprégnées, et aussi une intolérable odeur de race jaune qui ne se peut définir. Devant moi, jusqu’au fond de l’église, des hommes à genoux, tête baissée ;