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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

représentent les divers « guerriers d’Occident », types et costumes reproduits avec la plus étonnante exactitude. Or, les minutieux modeleurs ont donné aux soldats de certaines nations européennes, que je préfère ne pas désigner, des expressions de colère féroce, leur ont mis en main des sabres au clair ou des triques, des cravaches levées pour cingler.

Quant aux nôtres, coiffés de leur béret de campagne et très Français de visage avec leurs moustaches faites en soie jaune ou brune, ils portent tous tendrement dans leurs bras des bébés chinois. Il y a plusieurs poses, mais toujours procédant de la même idée ; le petit Chinois quelquefois tient le soldat par le cou et l’embrasse ; ailleurs le soldat s’amuse à faire sauter le bébé qui éclate de rire ; ou bien il l’enveloppe soigneusement dans sa capote d’hiver… Ainsi donc, aux yeux de ces patients observateurs, tandis que les autres troupiers continuent de brutaliser et de frapper, le troupier de chez nous est celui qui, après la bataille, se fait le grand frère des pauvres bébés ennemis ;