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PÉKIN AU PRINTEMPS.

tant de monde, tant de détachements armés, tant d’uniformes, pauvre « Ville jaune » qui fut pendant des siècles fermée à tous, refuge inviolable des rites et des mystères du passé, lieu de splendeur, d’oppression et de silence ; quand je l’avais vue en automne, elle gardait un air de délaissement qui lui seyait encore ; mais je la retrouve animée aujourd’hui par la vie débordante des soldats de toute l’Europe ! Partout, dans les palais, dans les pagodes d’or, des cavaliers « barbares » traînent leurs sabres, ou pansent leurs chevaux, sous le nez des grands bouddhas rêveurs…

Vu aujourd’hui, chez des marchands chinois, un dépôt de ces ingénieuses statuettes en terre cuite qui sont une spécialité de Tien-Tsin. Elles ne figuraient jusqu’à cette année que des gens du Céleste Empire, de toutes les conditions sociales et dans toutes les circonstances de la vie ; mais celles-ci, inspirées par l’invasion,