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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

forêt, des horizons d’eau pour donner aux souverains des illusions de fraîcheur ! Et avoir enfermé tout cela — qui est cependant si grand qu’on ne le voit pas finir, — l’avoir séparé du reste du monde, l’avoir séquestré, si l’on peut dire ainsi, derrière de formidables murailles !

Ce que les plus audacieux architectes n’ont pu créer, par exemple, ni les plus fastueux empereurs, c’est un vrai printemps dans leur pays desséché, un printemps comme les nôtres, avec les pluies tièdes, avec la poussée folle des graminées, des fougères et des fleurs. Point de pelouses, point de mousses, ni de foins odorants ; le renouveau, ici, s’indique à peine par les maigres feuilles des saules, par quelque touffe d’herbe de place en place, ou la floraison, çà et là, d’une espèce de giroflée violette, sur la poussière du sol. Il ne pleuvra qu’en juin, et alors ce sera un déluge, noyant toutes choses…

Pauvre « Ville jaune », où nous cheminons ce matin, sous un soleil de plomb, rencontrant