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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

presque un peu ridicule, à côté de ceux que les autres nations ont envoyés : l’Angleterre, en Chine, s’est surtout fait représenter par des hordes d’Indiens, et chacun sait, hélas ! à quelle sorte de besogne ses troupes en ce moment sont ailleurs occupées…

Sous la réverbération fatigante de dix heures du matin, les eaux, qui renversent les images de ces cordons de soldats, reflètent aussi les grands palais désolés, ou les quais de marbre, les kiosques de faïence bâtis çà et là tout au bord dans les herbages ; et par endroits les lotus, qui avec le printemps commencent à sortir des vases profondes engraissées de cadavres, montrent à la surface leurs premières feuilles d’un vert teinté de rose.

On s’arrête à une pagode semi-obscure, où le cercueil sera provisoirement laissé. Elle est tellement remplie de feuillage qu’on croirait d’abord entrer dans un jardin de cèdres, de saules et de lilas blancs ; mais bientôt les yeux distinguent, derrière et au-dessus de ces verdures, d’autres frondaisons plus rares et plus