Page:Loti - Les Derniers Jours de Pékin, 1901.djvu/343

Cette page a été validée par deux contributeurs.
328
LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

Le cercueil a été disposé dans une grande salle épargnée par le feu. Devant la porte, sous le dangereux soleil, se lient le maréchal aux cheveux blancs ; un peu accablé, mais gardant sa grâce exquise de gentilhomme et de soldat, il accueille là les officiers qu’on lui présente : des officiers de tout costume et de tout pays, arrivant à cheval, à pied, en voiture, coiffés de claques, de casques ornés d’ailes ou de plumets. Viennent aussi de craintifs dignitaires chinois, gens d’un autre monde, et, dirait-on, d’un autre âge de l’histoire humaine. Et les messieurs en haut de forme de la diplomatie ne manquent pas non plus, apportés comme par anachronisme dans les vieux palanquins asiatiques.

La chinoiserie de la salle est entièrement dissimulée sous des branches de cyprès et de cèdre, cueillies dans le parc impérial par les soldats allemands et par les nôtres ; elles tapissent la voûte et les murailles, ces branches, et de plus font la jonchée par terre ; elles répandent une odeur balsamique de forêt autour du