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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

Enfin l’amiral à son tour parle aux zouaves, dont les regards alignés se voilent bientôt de bonnes larmes, — et, quand il s’avance sur le funèbre éboulement de terre pour abaisser son épée vers les fosses béantes, en disant à ceux qui y sont couchés : « Je vous salue en soldat, pour la dernière fois », on entend un vrai sanglot, très naïf et nullement retenu, partir de la poitrine d’un large garçon hâlé qui, dans le rang, n’a pourtant pas l’air du moins brave…

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Le vide pitoyable, à côté de cela, le vide ironique de tant de pompeuses cérémonies sur des tombes officielles, et de beaux discours !

Oh ! dans nos temps médiocres et séniles, où tout s’en va en dérision et où les lendemains épouvantent, heureux ceux qui sont fauchés debout, heureux ceux qui tombent, candides et jeunes, pour les vieux rêves adorables de patrie et d’honneur, et que l’on emporte enveloppés d’un humble petit drapeau tricolore, — et que l’on salue en soldat, avec des paroles simples qui font pleurer !…