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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

et l’amiral lui-même conduit le deuil, par les sentiers de sable où les zouaves forment la haie, présentant les armes.

Le soleil, ce matin, ne percera pas les nuées d’automne, au-dessus de cet enterrement d’enfants de France. Il fait toujours sombre et froid, et les saules, les bouleaux de la morne campagne continuent de semer sur nous leurs feuilles.

Ce cimetière improvisé, au milieu de tout l’exotisme qui l’entoure, a déjà pris lui aussi un air d’être français, — sans doute à cause de ces braves noms de chez nous, inscrits sur les croix de bois des tombes toutes fraîches, à cause de ces pots de chrysanthèmes, apportés par les camarades devant les tristes mottes de terre. Cependant au-dessus du mur qui protège nos morts, ce rempart si voisin, qui monte et se prolonge indéfiniment dans la campagne sous les nuages de novembre, c’est la Grande Muraille de Chine, — et nous sommes loin, effroyablement loin, dans l’exil extrême.