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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

coup de blessés, hélas ! et de malades dorment sur des petits lits de camp très propres. Mais tout cela, dès l’abord, sans qu’on sache pourquoi, vous cause une émotion de France retrouvée…

Au milieu du fort, dans la cour d’honneur, devant la porte de la salle où le mandarin trônait, deux voitures d’artillerie, sous le triste ciel d’automne, attendent, dételées. Leurs roues sont garnies de feuillage, et des draps blancs les enveloppent, semés de pauvres petits bouquets qui y tiennent par des épingles : dernières fleurs des jardins chinois d’alentour, maigres chrysanthèmes et chétives roses flétries par la gelée ; tout cela, disposé avec des soins touchants et de gentilles gaucheries de soldat, pour les camarades qui sont morts et qui reposent là sur ces voitures, dans des cercueils couverts du pavillon de France.

Et c’est une surprise d’entrer dans cette vaste chambre du mandarin, que les zouaves ont transformée en chapelle.

Chapelle un peu étrange, il est vrai. Aux murs tout blancs de chaux, des vestes de