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RETOUR À NING-HAÏ.

pas revenus, et les villages restent vides, à l’abandon.

Le fort, orné toujours de ses emblèmes chinois, de son écran de pierre et de son monstre, porte à présent un nom très français : il s’appelle le fort « Amiral-Pottier ». Et quand nous entrons, les clairons sonnant aux champs pour l’amiral, les zouaves rangés sous les armes regardent avec un respect attendri ce chef qui vient honorer les funérailles de deux soldats.

Les portes franchies, on a tout à coup le sentiment inattendu d’arriver sur un sol de France, — et vraiment on serait en peine de dire par quel sortilège ces zouaves, en un mois, ont fait de ce lieu et de ses proches alentours quelque chose qui est comme un coin de patrie.

Rien de bien changé cependant ; ils se sont contentés de déblayer les immondices chinoises, de mettre en ordre le matériel de guerre, de blanchir les logis, d’organiser une boulangerie où le pain sent bon, — et un hôpital où beau-