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DANS LA VILLE IMPÉRIALE.

car je suis maintenant tout près de mon départ. Ce sera du reste une fin sans recommencement possible, car si je revenais plus tard à Pékin, ce palais me serait fermé, ou tout au moins n’y retrouverais-je jamais ma solitude charmante.

Et ce lieu si lointain, si inaccessible, dont il eût semblé insensé autrefois de dire que je ferais ma demeure, m’est devenu déjà tellement familier, ainsi que tout ce qui s’y trouve et ce qui s’y passe ! La présence de la grande déesse d’albâtre dans le temple obscur, la visite quotidienne du chat, le silence des entours, l’éclat morne du soleil d’octobre, l’agonie des derniers papillons contre mes vitres, le manège de quelques moineaux qui nichent aux toits d’émail, et la promenade des feuilles mortes, la chute des petites aiguilles balsamiques des cèdres sur les dalles de l’esplanade, sitôt que souffle le vent… Quelle singulière destinée, quand on y songe, m’a fait le maître ici pour quelques jours !…