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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

ou en fines découpures de papier doré. Beaucoup de ces artères sont mortes ; dans celles qui restent vivantes, la vie s’indique, regardée de si haut, par un processionnement de petites bêtes brunes aplaties sur le sol, quelque chose qui rappelle la migration des fourmis : ces caravanes toujours, qui s’en vont, s’en vont lentes et tranquilles, se disperser aux quatre coins de la Chine immense.

La région directement sous mes pieds est la plus dépeuplée de tout Pékin et la plus muette. Le silence seul monte vers l’affreuse idole et vers moi, qui, de compagnie, nous grisons de lumière, d’air vif et un peu glacé. À peine quelques croassements, perdus, diffusés dans trop d’espace, quand vient à tourbillonner au-dessous de nous un vol d’oiseaux noirs…

Un semblant de regret se mêle aujourd’hui à mon après-midi de travail dans l’isolement de mon haut palais : regret de ce qui va finir,