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DANS LA VILLE IMPÉRIALE.

Pékin sous mes pieds semblable à un bois !… On m’avait averti de cet effet incompréhensible, mais mon attente est encore dépassée. En dehors des parcs de la « Ville impériale », il ne me paraissait point qu’il y eût tant d’arbres, dans les cours des maisons, dans les jardins, dans les rues. Tout est comme submergé par la verdure. Et même au delà des remparts, qui dessinent dans le lointain extrême leur cadre noir, le bois recommence, semble infini. Vers l’Ouest seulement, c’est le steppe gris, par où j’étais arrivé un matin de neige. Et vers le Nord, les montagnes de Mongolie se lèvent charmantes, diaphanes et irisées, sur le ciel pâle.

Les grandes artères droites de cette ville, tracées d’après un plan unique, avec une régularité et une ampleur qu’on ne retrouve dans aucune de nos capitales d’Europe, ressemblent, d’où je suis, à des avenues dans une forêt ; des avenues que borderaient des maisonnettes drôles, compliquées, fragiles, en carton gris