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DANS LA VILLE IMPÉRIALE.

ristes en costume mandarin et portant la longue queue ; en leur compagnie, quelques jeunes prêtres catholiques chinois, qui semblent effarés d’être là, comme si, malgré leur christianisme superposé aux croyances héréditaires, ils avaient encore le sentiment de quelque sacrilège, commis par leur seule présence en un lieu si longtemps défendu.

Tout au pied du donjon qui couronne ces rochers, voici le kiosque de faïence et de marbre où le « grand diable » habite. On est là très haut, dans l’air vif et pur, sur une étroite terrasse, au-dessus d’un déploiement d’arbres à peine voilés aujourd’hui par l’habituel brouillard de poussière et de soleil.

Et j’entre chez le « grand diable », qui est seul hôte de cette région aérienne… Oh ! l’horrible personnage ! Il est de taille un peu surhumaine, coulé en bronze. Comme Shiva, dieu de la mort, il danse sur des cadavres ; il a cinq ou six visages atroces, dont le ricanement multiple est presque intolérable ; il porte un collier de crânes et il gesticule avec une