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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

aérienne, dont le geste menaçant et le rictus de mort planent sur la ville, — une idole que nos soldats ont appelée le « grand diable de Chine. »

Et je monte, ce matin, faire visite à ce « grand diable ».

Un arceau de marbre blanc, jeté sur les roseaux et les lotus, donne accès dans l’île des Jades. Et les deux bouts de ce pont, il va sans dire, sont gardés par des monstres de marbre, ricanant et louchant d’une façon féroce vers quiconque aurait l’audace de passer. Les rives de l’île s’élèvent à pic, sous les branches des cèdres, et il faut tout de suite commencer à grimper, par des escaliers ou des chemins taillés dans le roc. On trouve alors, échelonnées parmi les arbres sévères, des séries de terrasses de marbre, avec leurs brûle-parfums de bronze, et des pagodes sombres au fond desquelles brillent dans l’obscurité d’énormes idoles dorées.

Cette Île des Jades, position stratégique importante, puisqu’elle domine tous les alen-