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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

Me voici pourtant presque dehors, sorti de l’enceinte intérieure, par des battants massifs qui vite se referment sur mes pas. Je suis pris maintenant entre le second et le premier rempart, l’un aussi farouche que l’autre ; je suis dans le chemin de ronde qui fait le tour de cette ville, espèce de couloir d’angoisse, infiniment long, entre les deux murailles rouge sombre qui dans le lointain ont l’air de se rejoindre ; il y traîne quelques débris humains, quelques loques ayant été des vêtements de soldats ; on y voit aussi deux ou trois corbeaux sautiller, et il s’y promène un chien mangeur de cadavres.

Quand enfin tombent devant moi les madriers qui barricadent la porte extérieure — (la porte confiée aux Japonais), — je retrouve, comme au réveil d’un rêve étouffant, le parc de la « Ville jaune », l’espace libre, sous les grands cèdres…