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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

cou un collier de perles fines, — et devant lui une gerbe de fleurs se dessèche ; dernières offrandes, me dit l’un des eunuques gardiens, faites par l’Impératrice, pendant la minute suprême avant sa fuite de la « Ville violette », à ce vieux petit bouddha qui était son fétiche favori.

J’aurai traversé aujourd’hui ce repaire en sens inverse de mon pèlerinage du premier jour.

Et, pour sortir, je dois donc passer maintenant dans les quartiers où tout est muré et remuré, portes barricadées et gardées par de plus en plus horribles monstres… Les princesses cachées, les trésors, est-ce par ici ?… Toujours la même couleur sanglante aux murailles, les mêmes faïences jaunes aux toitures, et, plus que jamais, les cornes, les griffes, les formes cruelles, les rires d’hyène, les dents dégainées, les yeux louches ; les moindres choses, jusqu’aux verrous, jusqu’aux heurtoirs, affectant des traits de visage pour grimacer la haine et la mort.