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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

elle avait ses appartements ici, dans la « Ville violette », outre les palais frêles que sa fantaisie avait disséminés dans les parcs de la « Ville jaune» — ceux de l’Impératrice ont moins de mélancolie et surtout ne sont pas crépusculaires. Des salles et des salles, toutes pareilles, vitrées de grandes glaces et couronnées toujours d’une somptueuse toiture d’émail jaune ; chacune a son perron de marbre, gardé par deux lions tout ruisselants d’or ; et les jardinets qui les séparent sont encombrés d’ornements de bronze, grandes bêtes héraldiques, phénix élancés, ou monstres accroupis.

À l’intérieur, des soies jaunes, des fauteuils carrés, de cette forme qui est consacrée par les âges et immuable comme la Chine. Sur les bahuts, sur les tables, quantité d’objets précieux sont placés dans de petites guérites de verre, à cause de la poussière perpétuelle de Pékin, — et cela donne à ces choses la tristesse des momies, cela jette dans les appartements une froideur de musée. Beaucoup de bouquets artificiels, de chimériques fleurs aux nuances neu-