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DANS LA VILLE IMPÉRIALE.

de ce lieu de pénombre, en haut d’une estrade ; deux larges écrans de plumes, emblèmes de la souveraineté, sont placés derrière, au bout de hampes, et tout le long des gradins qui y conduisent sont étagés des brûle-parfums, ainsi que dans les pagodes aux pieds des dieux.

Comme les avenues que je viens de suivre, comme les séries de ponts et comme les triples portes, ce trône est dans l’axe même de Pékin, dont il représentait l’âme ; n’étaient toutes ces murailles, toutes ces enceintes, l’Empereur assis là, sur ce piédestal de marbre et de laque, aurait pu plonger son regard jusqu’aux extrémités de la ville, jusqu’à la dernière percée de remparts donnant au dehors ; les souverains tributaires qui lui venaient, les ambassades, les armées, dès leur entrée dans Pékin par la porte du Sud, étaient, pour ainsi dire, sous le feu de ses yeux invisibles…

Par terre, un épais tapis impérial jaune d’or reproduit, en dessins qui s’effacent, la bataille des chimères, le cauchemar sculpté